... N'oublie pas de Vivre ...

Thursday, August 20, 2009

Et le poete s'adressa a sa Muse

" Ô éternelle sagesse des sommets cristallins
Depuis quand t'élèves tu vers les cieux éthérés?
Ne rejoindras-tu jamais ce soleil malin
Dont tu n'es rien qu'un éblouissant reflet?

Voilà des semaines que je marche dans ton ombre
A la lueur de tes cimes, sous la voie lactée.
N'as tu rien d'autre à m'apprendre que le sombre
Silence de ton linceul étoilé?
Muette inspiration, je fais de toi mon guide,
Fais de moi ton disciple. Parle de l'essence
Du savoir, qui seule guérit de la peur du vide.
Au creux de ton sein j'accepte ma renaissance.
Mais fais vite, ma pauvre vie d'humain est courte:
Quelles sagesses as tu apprises des millénaires?
Quels mystères renferme la mort qui écourte
Les aspirations des plus braves éphémères? "

________

" La vie n'est qu'une étape, elle est l'adolescence
D'un écho dont elle ignore toujours le sens.
Tu comprendras un jour, peut-être à ta mort,
Quand ton esprit sera libéré de ton corps,
Que la vie n'était qu'un prélude à l'existence.

Adorable egoisme fruit d’une illusion
Tu fuis ce qui a été et poursuis tes reves
Oripeaux d’une vie qui craint sa condition
Arrête donc ta course et accepte la trêve.
Tu mourras. Alors, ainsi rendu au néant,
Tu intègreras la danse des éléments.
Toi aussi tu deviendras une montagne,
Une étincelle, un courant d'air, une vague
Une éternité transitoire sans autre foi
Que d'avoir aussi été vivant autrefois."

________

" Ô pudique Raison, me parles-tu de si loin,
Que de ta parole sacrée ne me parvienne
Qu'un chuchotis dont je semble être l'unique témoin?
Ô fatal Obstination, comment faire mienne
Cette fortune: n'y a-t-il nul autre sens
A vivre que celui d'apprendre à disparaître?

J'ai traversé la Terre avec pour récompense
De rencontrer ceux qu'en son sein elle voit naître:
A tous comme à toi j'ai posé cette question.
J'ai abandonné toutes mes certitudes
Et tous mes doutes, pour embrasser la solitude
Dans laquelle m'a plongée tant de contradiction.
Rechercher son Bonheur propre ou celui des autres,
Travailler, survivre, s'occuper, méditer,
Aimer, haïr, oublier, rire ou bien pleurer
Mais n'être toujours qu'un avec soi et les autres.
Nous menons tous le même combat ordinaire,
Lutte incessante faite de peines et de souffrances,
Nous vivons tous ensemble, mais chacun a sa manière
De chercher le Bonheur et de fuir l'ignorance.
Mais la Haine complote dans l’ombre de l’Amour.
L'Homme n'a-t-il rien compris? Il est versatile,
Inconstant. Doit-il redécouvrir chaque jour
Le sens perdu de son existence pulsatile ? "

________

"Poète philosophe combien tu as raison
De t'interroger et de poser des questions.
Mais ne cherche pas à savoir pour expliquer,
Et ne cherche pas à comprendre pour juger,
Alors que tout est inlassable transition.

Crois tu qu'en sachant tout, rien n'est plus interdit?
Envie de découvrir, faculté de sentir,
Curiosité de faire naître et Peur de mourir
N’est-ce pas là suffisants pour toute une vie?
Souviens-toi maintenant la chaleur du soleil
Et demande toi: "Le seul sens de la vie,
N'est-il pas de jouir de cette simple merveille?
Être Sensible, manques tu jamais la compagnie
Des doutes de ta Raison, quand tu t'abandonnes
A la contemplation pour tromper ton ennui?
Rappelles toi les sourires et la musique
Qui font battre les larmes et pleurer les cœurs,
Suis tes Emotions et joui de leur don unique
De toucher à ton Dieu sans craindre sa fureur.
Tu es venu jusqu'ici pour rien avec ton mal-être,
Je n'ai rien à t'apprendre qui te sera utile,
Je n'ai rien pour toi, ni sagesse, ni maître
Qui perdraient tes pas dans une quête futile.
Tu te trompes si tu m'imagines pareille
A une flèche solitaire pointant le ciel.
Je n'ai nulle ambition mais sans relâche je veille
A apprécier ma place dans la roue éternelle."

________

"Ô mystérieuse simplicité d'une langue inconnue
Je ne comprends tes mots mais je reconnais ta voix
D'où vient cette mélodie mise à nue
Sinon de ce tout, tout au fond de moi?
ll me semble parfois t'entendre me murmurer
Un bien silencieux message...
Pareil à un lucide présage...

Est-ce toi à l'instant qui m'invite à danser
Avec le Feu, la foudre est ma seule lueur
L'orage est intime en compagnie de mes ombres.
Tu caresses le sein des nuages sombres
Lumineux drap de satin sur leurs blanches rondeurs.
Moi je brule et le Feu consume ma vie,
Et je transpire et je pleure l'Eau de la pluie
Les larmes du bonheur d'avoir les pieds sur Terre
Et la tête dans les étoiles qui joue un même Air."

Saturday, August 15, 2009

Sauver cette étoile, lettre ouverte à mon ami Maxime Blondeau

“Rather than love, than money, than faith, than fairness, give me truth”
Thoreau

« If a man hasn’t discovered something that he is ready to die for, then he is unfit to live »
Martin Luther King

Un de mes amis les plus chers, le distingué Meux pour ne pas le citer, alors qu’il m’hébergeait lors de mon dernier séjour en France, était obsédé par l’idée de sauver le monde. Non pas qu’il pensa que la tâche lui incomba, mais par certitude que nous vivons une époque prophétique où la venue d’un nouveau messie changerait le cours de l’Histoire.

« Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt »

Voilà plutôt ce que m’inspirent tous les prophètes sur la parole desquels se sont fondées les principales religions. Il me semble que ce n’est pas l’apparition d’un messie ni son message qui ont la capacité de bouleverser le cours des choses, de changer le paradigme dans lequel nous nous inscrivons en tant que sociétés ; c’est là une fausse conception qui est responsable de nombreux désordres tels que l’incompréhension générale du monde que l’on a crée et notre conséquente déresponsabilisation vis-à-vis de celui-ci. Toute époque a son lot d’hommes illuminés capables de montrer la voie. Prendre la route c’est prendre sa chance de les rencontrer. Que Jésus, Bouddha, Mohammad ou Bob Marley aient été écoutés et suivis ne signifie rien sinon que l’obscurantisme d’alors rendait plus séduisante l’idée d’Amour Universel et la possibilité de rédemption. Bien que je reste intimement convaincu de la beauté du monde d’aujourd’hui, le vingtième siècle nous a mené à une apothéose de l’absurde scientifiquement établie, et constitue l’un des fleurons de l’ignorance et du cynisme mis au service de l’avidité. Du point de vue donc de l’obscurantisme intellectuel dans lequel sombre notre civilisation, il ne me semble pas idiot de penser qu’un messie puisse faire son apparition et fasse se lever les foules au nom de vertus que l’on connait pourtant déjà : l’Amour bien sur, la compassion, la solidarité. Ce dont je doute c’est que ce messie change quoi que soit pour la masse des ignorants. Il s’est passé plus de dix-sept siècles entre le sacrifice de Jésus et l’apparition du mouvement humaniste, et encore quatre siècles jusqu’à aujourd’hui. Pour changer quoi ? Les guerres et les massacres sont toujours aussi nombreux, plus sanglants, plus généralisés, la peur de l’autre ne cessant de croître alors que nous prenons conscience qu’il y a de plus en plus d’autres. Les plus pauvres et démunis le sont toujours autant, ne sont pas plus en mesure de changer le cours de leur existence, et ne suscitent pas plus notre intérêt, sinon par un regain de pitié stérile très à la mode. C’est parce que nous n’avons jamais su organiser le monde selon un véritable humanisme que nous avons recours à l’humanitaire comme palliatif à cette grande défaillance. Il faut se rendre à l’évidence : l’humanisme et tant que fondement de notre civilisation avec les Droits de l’Homme comme charte est un échec. Non par manque de maturité des idées qu’elle véhicule ni par manque de conviction de ceux qui la défende, mais par l’inadaptation de la masse concernée ! Pourquoi trouvons-nous si simple et commun de juger un dictateur pour les exactions qu’il commet, et si impensable et injuste de nous juger, nous citoyens, pour les manquements de nos gouvernements démocratiques ? Et je ne vois en la corruption des dirigeants pas tant un frein à l’affirmation de la volonté des peuples qu’une excuse bienvenue à leur coupable déresponsabilisation. L’absurdité, la grossièreté que représente l’ONU, qui confie l’instauration de la paix aux fabricants d’armes, est un aveu de notre hypocrisie à tous, ou de notre ignorance. Laquelle est plus critiquable ? C’est à chacun de décider et d’apprécier l’ampleur de son mensonge au monde et à lui-même.

« L’être humain est son propre obstacle sur le chemin de la libération »
Pierre Rabhi

« Change yourself to change the world »
Proverbe Bouddhiste

Non, je suis convaincu qu’aucun messie ne changera le cours de l’Histoire ; pas plus hier qu’aujourd’hui ou demain, et pas tant que l’humain n’acceptera sa révolution spirituelle : celle qu’aucun autre que lui ne peut entreprendre et mener à bien. Or cette révolution personne ne peut la diriger, la guider, la mener puisqu’elle est par définition intime et personnelle. Elle ne supporte ni charte, ni leader, ni figure de proue. Il n’y a d’autre juge, ni d’autre accusé, que soit même dans ce tribunal dont la Vérité est le seul chef d’accusation. Le super intellect du mal nommé homo sapiens (l’homme sage) a engendré des outils surpuissants en termes de modification de l’être humain, de son environnement, de son mode de vie, et de la Vie même avec l’avènement récent des biotechnologies. Mais nous avons perdu le contrôle de ces outils que nous prenons désormais, par ignorance autant que par déresponsabilisation, pour les causes même de nos maux : la technologie nucléaire et la bombe atomique, l’argent et le capitalisme, les technologies de l’information utilisées à des fins de « flicage » de la population… j’en passe surement et des meilleurs ! Mais tout cela reste des outils que nous avons crée, et en tant qu’outils ils ne possèdent pas de volonté intrinsèque : ils ne servent que les desseins que nous leur réservons, et dans lesquels transparaissent immanquablement les faiblesses de l’être humain : son instinct de domination du Fort sur le Faible, son aveuglement du toujours Plus, sa peur du différent, son ignorance de l’évidence que tout est voué a changé et disparaître. Le capitalisme n’est pas plus responsable du viol de la planète qu’Einstein n’est responsable des drames d’Hiroshima et Nagasaki. Et nous ne sommes pas moins coupables de crime contre l’humanité aujourd’hui que les collaborateurs de la seconde guerre mondiale qui proclamaient n’avoir pas le choix. La bombe atomique a explosé parce qu’un camp avait les moyens de frapper bien plus fort que son adversaire et a succomber à la tentation. Le capitalisme fait de la planète et de l’humain une marchandise parce que l’humain entretien le mythe d’une croissance infinie et se force à y croire. Débarrassez l’humanité de sa volonté de puissance et rappelez lui que rien n’est éternel et rien de tout ça n’arrivera encore. Les superoutils ont besoin de superconscience pour sortir de l’usage infantile que nous en faisons. Tout le reste, la version officielle que l’on trouve dans les livres d’histoire des spécialistes, n’est que de la masturbation intellectuelle visant à explorer extensivement le hasard des conditions historiques qui ont permis aux évènements inéluctables de se produire, pour finalement justifier a postériori que l’humain a eu raison de succomber à ses faiblesses et à ses illusions. Aucun traité de non prolifération n’empêchera la bombe nucléaire de se propager ni d’exploser ; aucun accord de libre échange n’empêchera la protection par chacun de ses intérêts propres ; aucune règlementation ni loi n’incitera les hommes à se comporter de manière plus juste et responsable. Aucune charte des Droits de l’Homme n’empêchera massacre, guerres, et génocides sans l’éducation et l’élévation spirituelle des masses qui est son corollaire.
Je suis convaincu que la disparition de la violence, du viol, de l’instinct de prédation et de domination, que la prise de conscience de la nécessité de reprendre contact avec notre environnement, avec nos semblables… bref, que la mise en œuvre d’une humanisme universel (c'est-à-dire à l’égard des hommes comme faisant partie du Vivant) ne peut se réaliser que par une révolution spirituelle de chaque homme. Arrêter de juger les actes d’autrui selon la loi et se juger soi même selon un code moral et éthique strict et sans complaisance. Voilà ce qui me semble être un premier pas essentiel vers un nouvel ordre mondial plus humain et éloigné de celui que craignent les conspirationnistes et essaient d’instaurer nos dirigeants.

« L’unité, la solidarité, la convivialité du genre humain, l’Humanisme est ce que la conscience humaine a généré de plus beau et de plus élevé. Servir ces valeur c’est contribuer à leur transmission dans leur intégralité, sans les subordonner à nos instincts, à nos intérêts, à notre volonté de puissance ou de domination ni physique, ni psychique, ni morale. Ces valeurs sont le moyens le plus précieux que nous ayons pour construire un monde enfin apaisé, issu de la paix que nous aurons réalisé en nous-mêmes. Ces considérations ne peuvent être réduites à une leçon de morale. Je n’ai pas cette prétention. Plutôt que de proclamer des vérités interprétables de milles manières selon les convenances de chacun, je préfère nous inviter mutuellement à nous unir pour servir et promouvoir des valeurs simples telles que la bienveillance à l’égard de ceux qui nous entourent, une vie sobre pour que d’autres puissent vivre, la compassion, la solidarité, le respect et la sauvegarde de la Vie sous toutes ses formes. »
Pierre Rabhi, Manifeste pour la Terre et l’Humanisme.

Thursday, August 13, 2009

Le role de l'intellectuel dans la societe selon Vaclav Havel

"L'intellectuel doit constamment deranger, reveler la misere du monde, etre provocant par son independance, se rebeller contre tout ce qui est cache et mettre a jour les pressions et les manipulations, il doit etre par principe sceptique a ...l'egard des systemes... pour cette raison un intellectuel ne peut entrer dans un role qui pourrait lui etre assigne... et essentiellement il n'a sa place nul part: il se detache, irritant ou qu'il soit."

[Vaclav Havel]

Tuesday, August 4, 2009

A mesure que [la sagesse et] la philosophie font des progres, la sottise redouble ses efforts pour etablir l'empire des prejuges.

"De l'insignifiance du monde et le formatage des esprits.

Si l’école démocratique a bien fait monter le niveau scolaire, les médias ont su faire baisser le niveau d’analyse critique. La marchandisation du monde constitue la base structurelle de l’ensemble . On se trouve donc face à une montée de l’insignifiance du monde de par un triple formatage des esprits : D’abord celui des médias "libres" en Occident et celui des religions ailleurs. Pas tous les médias évidemment. Et les religions sont aussi subdivisées. Mais la tendance lourde est là. Et ce formatage se cache derrière le pluralisme. Nous avons le sentiment de choisir notre divertissement. Ce divertissement a très souvent pour trame principale la fuite des questions cruciales aujourd’hui posées à l’humanité. Ensuite celui de la séduction marchande et de ses frustrations chez les déshérités. Ici, il faut pointer l’envers de la médaille marchande qui se trouve dans la sphère productive. Il y a une combinaison du travail du négatif. A côté de la fatigue montante dû à l’intensification généralisée du travail aux fins de rentabilité du capital, y compris dans les secteurs non marchands, il faut noter, non pour le stigmatiser, "l’embourgeoisement" relatif d’une partie du peuple-classe. Une de ses formes apparaît avec le plaisir avéré pour l’installation dans le confort. Et cela n’affecte pas que la couche supérieure financièrement aisée du peuple-classe. On ne saurait pour comprendre le consentement au césarisme démocratique en cours porter uniquement le regard vers la petite-bourgeoisie indépendante (professions libérales aisées) et la petite-bourgeoisie salariée (les échelons de commandement supérieur du privé et du public) qui n’ont pas encore subi les effets de la crise, ni même leurs enfants (5). Au sein du bloc d’en-bas (les prolétaires à moins de 3000 euros par mois) cette disposition inscrite dans la chair comme habitus travaille à une relative passivité et à la désorientation.
La montée de l’insignifiance du monde mène aussi bien au vote Sarkozy qu’à l’abstention, en tout cas au désintérêt de la chose publique. Car il n’y a pas que la montée du religieux, notamment intégriste, à pointer du doigt en ce début de siècle. L’obscurantisme se généralise sur tous les fronts. Les cerveaux se ramollissent. Ils gardent leur efficacité pour l’intelligence technicienne, pour la rationalité instrumentale, celle qui vient qualifier la force de travail , celle qui ensuite vient confirmer la qualification comme compétence. Mais, comme citoyen, le désert de la pensée progresse sur deux fronts. Les esprits sont de plus en plus coincés entre l’intensification du travail (pour ceux et celles qui travaillent) et l’abrutissement médiatique délivré aussi bien pour le repos du "guerrier économique" que pour le chômeur oisif. A cela s’ajoute le journalisme à sensations qui déploie "le poids des mots et le choc des photos" . La censure existe toujours mais ce n’est pas elle qui formate les esprits à l’acceptation du monde tel qu’il va.
Jamais les raisons de se révolter n'ont été aussi fortes , jamais les pesanteurs confortables du repli familial et du divertissement médiatique n'ont été plus puissantes. La capacité d’endormissement des consciences par les grands appareils d’influences médiatiques est surprenante. Ils disposent il est vrai de gros budgets, d’experts en techniques de propagande et de désinformation.
L’idéologie médiatique fonctionne à flux tendu sur les deux registres les plus perturbateurs pour l’individu : d’une part la monstration de ce qui est beau et séduisant - stars ou objets marchands - assimilé à ce que possèdent les riches et qui suscite l’envie des déshérités et d’autre part la monstration de ce qui est laid, puant, terrorisant et qui insécurise le peuple tout comme les riches . L’esprit du "chacun pour soi" se marie bien avec l’esprit de consommation marchande lié au besoin de confort généralisé. Comme l’esprit de "lutte des places" s’intègre à merveille à l’esprit de la concurrence généralisée du crédo du libéralisme économique. Un tel ensemble génère au mieux un souci de conservation de son pré carré et une demande politique sécuritaire."

Christian DELARUE
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/sarkozysme-deconstruire-le-59756